L'événement le plus important dans la vie d'un homme est le moment où il prend conscience de son Moi.


Tolstoï

mardi 13 janvier 2015

Un seul être vous manque et tout est dépeuplé

La séparation définitive, irréversible, avec un être aimé est une épreuve des plus douloureuse.
Les étapes du deuil sont des réactions normales dont la durée va varier selon le vécu de chacun; il y aura pathologie lorsque la personne restera "coincée" dans une de ces étapes.
A cela s'ajoute la tristesse sans quoi ce travail ne pourrait s'amorcer.


Parmi les étapes du deuil :

- l'anesthésie : 

Elle correspond à une perte de la réalité, état de choc, le temps s'est figé, impossible d'accepter la réalité comme telle, la personne refuse ce qui vient de se passer.

- La phase de recherche :

C'est un entre-deux où l'endeuillé cherche partout l'être aimé, période d'angoisse car les habitudes qui liaient à la personne disparaissent petit-à-petit.
C'est une phase de dépression et de recherche de l'autre.
L'endeuillé se cogne contre le vide créé par l'absence.
C'est une période fragilisante où il est question d'une attente de manifestation de l'être aimé qui ne vient jamais.
Le mort apparait sous toute forme : rêve, phantasme, délire, hystérie et possession.
Dans l'expérience du deuil, il est question parfois de perdre ce que l'on souhaite conserver du disparu.
Tout souvenir faisant retour modifie le lien avec le mort.
Dans ce travail de deuil, la personne vacille avec une temporalité et une chronobiologie qui tend à se défaire.

- la phase de dépression réactionnelle :

La tristesse prend place et si elle persiste, cette étape devient pathologique et il sera nécessaire de consulter.
Incompréhension par rapport au rythme de reprise du quotidien de l'entourage, décalage avec la personne endeuillée qui elle, tourne au ralenti.
La souffrance est à son point culminant durant cette étape : la personne est remplie d'émotions vives, exacerbées, relatives  au lien singulier qu'elle entretenait avec le défunt.

- la phase de restructuration :

Cette phase intègre le deuil dans l'histoire intrinsèque et personnelle de chacun.
C'est l'acceptation de celui ou celle qui a disparu, ce n'est en aucun cas l'oubli.
C'est le travail du deuil  alors réalisé.
C'est à cet endroit que la parole prend tout son sens; elle soigne les souffrances traversées, elle accompagne le sentiment de culpabilité qui peut continuer à ronger l'entourage :
ne pas avoir fait ce qu'il fallait, ne pas avoir été assez présent, ne pas avoir eu les bon mots, ne pas avoir montrer son amour pour la personne disparue.

Le deuil est aussi un travail de mémoire :
Se souvenir de soi dans l'espace de l'autre, qui étais-je pour lui?qu'elle place m'accordait-il?
De toute évidence, ce travail est conditionné par la nature de la relation objectale qu'il vient à présent dénouer.
Relation qui renvoie aux premiers liens à l'objet qui est constitutif du narcissisme.


Le souvenir est le parfum de l'âme.
George Sand.