L'événement le plus important dans la vie d'un homme est le moment où il prend conscience de son Moi.


Tolstoï

mardi 3 novembre 2015

Psy Côte Basque

Psy Côte Basque


                 Le couple valeur refuge ?

 

L'amour selon Platon dans le "Banquet" est désir ; le désir et le manque :" ce que l'on a pas, ce dont on manque".
Si certains sont adeptes du :"il n'y a pas d'amour heureux" , puisqu'il est manque cela implique deux positions amoureuses quant à l'amour.
Soit nous aimons celui ou celle que nous n'avons pas, et donc  nous souffrons de ce manque, soit nous avons celui qui ne nous manque plus puisqu'il (elle) existe et que nous l'aimons, et puisque l'amour est manque, c'est l'idée du couple dans toute sa complexité et singularité.

Aristote et Spinoza amèneront une nouvelle définition de l'amour :"Aimer c'est se réjouir de".
L'amour est une joie accompagnée d'une cause extérieure.
Autrement dit, aimer c'est se réjouir de.
Déclaration d'amour Spinoziste : "je suis heureux que tu existes", déclaration d'amour certes posée, claire, factuelle et derrière cette phrase il n'y a aucune attente seule l'existence de l'autre suffit à convaincre et satisfaire.
Le "je t'aime" Platonicien en fait signifie :"tu me manques et je te veux".
Là, la demande est totale et peut entrainer l'attente d'une réciprocité.
Pour Spinoza l'amour n'est pas le manque; pour lui comme pour Platon l'amour est désir.
L'un évoque la puissance de jouissance et la jouissance, la notion de joie; l'autre le manque et la souffrance.

Il existe heureusement des couples heureux qui s'aiment, et peut-être qui se manquent moins. 
Si Platon décline la passion avec sa face mortifère, l'amitié elle se situe du côté de la vie.
On peut aimer ce qui manque et fait souffrir mais aussi ce qui ne manque pas, c'est à dire se réjouir de ce qui est.
Aimer c'est jouir ou se réjouir, pouvoir jouir ou pouvoir se réjouir.
L'épicurien aime ce qu'il mange, ce n'est pas par manque de mets, c'est grâce à l'appétit ou le désir.
Et si on  garde un terme propre pour désigner  l'amour distinct du désir, on dira que l'amour est puissance de se réjouir et joie en puissance.
Se réjouir que l'autre existe c'est différent que de jouir de son corps.
Dans les deux cas, la puissance est présente; ceux qui appartiennent à la catégorie de gens qui n'ont pas cette puissance de jouissance du corps de l'autre, c'est ce que Freud appelle la perte de capacité à aimer, impuissance et frigidité ( troubles dans la dépression).
Le désir et l'amour sont liés mais bien distincts sur ces aspects là; ces deux puissances sont différentes même si elles peuvent être liées et simultanées.

 -  Et la tendresse là -dedans?

 Stendhal disait : "je serai un fichu mari".
Le beylisme qui lui est cher est une philosophie privative : elle implique la sacralisation du Moi (tout puissant) qui décide d'éradiquer tous les éléments exogènes pouvant menacer sa souveraineté et le coloniser.
Le non-moi c'est l'ennemi qui sait peut-être l'autre.
L'altérité représente un danger, celui sans doute de se sentir grignoté à l'intérieur du couple.
Le couple se fonde sur une négociation, un compromis permanent afin d'éviter l'esclavage de sa propre moitié. Il existe différents types de couples :
Le couple complaisant lovée dans la tendresse, abnégation totale du sujet pour éviter le mal de mer (ère) lors des intempéries.
Qui dit tendresse dit paresse d'aimer selon les passionnés, fusionnels ou serial-lovers.
Le couple branché se déclinant en affichant sa mode (kooples) et son mode; le couple mère-fille (le comptoir des cotonniers), le couple sans histoire qui ne fait pas de vagues mais qui ne peut s’empêcher de dissimuler son vague à l'âme.
Chez l'homme le couple désigne la jouissance phallique, chez la femme elle est infinie, non localisable; elle passe par l'amour ou la parole, l'objet doit parler c'est non négociable.
 Peu importe l'amour pourvu que l'on ait la tendresse!

- Mais à quoi sert le couple?




 C'est une nécessité diront certains : il démarre au stade du miroir, c'est l'effet à l'autre aseptisant la réalité.

Dans le champ social les sujets font couple pour palier à la difficulté de leur quotidien, à l'insupportable pour faire face au principe de plaisir. L'individu a du mal car il est confronté à son surmoi et au surmoi collectif.
Autant de frustrations que de fantasmes et le sujet en a besoin de fantasmer pour nourrir son symptôme, même s'il a une incidence dans "je n'arrive pas à faire couple".
Certains sites internet créés par des femmes comme "Tinder" ou "Adopte un mec "font un tabac actuellement car ils permettent la consommation d'objets dans l'immédiateté et libèrent les fantasmes.
Les transmissions de propriétés ayant largement régressé ces dernières années, l'amour devient donc valeur refuge.
A l’époque les romains disaient que l'amour était dangereux : "mettre son âme dans le corps de quelqu'un d'autre!".
Chacun fait couple  ou essaie selon son mode de jouissance, chacun ses satisfactions intrinsèques ou extrinsèques.
Avec le sexuel le sujet rencontre parfois ses limites, alors l'évitement sera d'usage pour palier à l'impossibilité d'aller à la rencontre de l'autre si la libido est en berne.
D'autres feront plus couple avec l'idée du couple qu'avec l'autre.
Si le couple démarre dans la relation de confiance et de respect, il se termine parfois par la violence dans les excès.
Couple avec enfant même si la venue de ce dernier fait obstacle au déploiement du désir qui sous-tend cette relation, mais aussi  couple  dans une relation qu'offre les conditions d'une stabilité sociale excluant les désirs, couple préfabriqué ou couple alexithymique.
C'est l'enfant qui se trouve investi de tous les attributs phallique, la maternité faisant ombrage à l'objet du désir qu'elle peut devenir pour l'homme aimé.
Couples légendaires Adam et Eve, Dct Jekyll  et Mister Hyde, Bonnie et Clyde, couples incestueux, Œdipe a encore frappé, couples  sado-maso, exhib- voyeur, couples échangistes, autant de combinaisons que de névroses qui s'emboitent.

Alors le couple valeur refuge ou refuge des valeurs?











 

samedi 25 juillet 2015

Psy Cote Basque

                          Victime ou Acteur,


"Aimer c'est choisir un témoin,
Bientôt la jalousie aidant le témoin amoureux devient un guetteur".
                                                                Alain Veinstein - Les 140 signes. 

Lacan pousse notre interrogation encore et toujours :
"Aimer c'est donner à l'autre ce que l'on a pas."  


Si ce n'est pas aisé  d'avoir à faire avec le manque de l'autre, c'est encore plus compliqué de savoir quoi en faire.

Vouloir se débarrasser de la partie obscure  de soi pour l'offrir en cadeau (empoisonné) à l'autre, l'autre qui n'a rien demandé et qui va devoir faire avec,  c'est bien ce que l'on nomme coup de foudre!

Par les temps qui courent alors que les turbulences de l'amour battent leur plein,  la place du couple  semble se trouver sur un siège éjectable.

Si les vertiges de l'amour font perdre pied, quel pied pour certains d'en devenir victime.
La victime n'est pas toujours celle que l'on croit!

Opter pour ce statut de victime renvoie aux bénéfices secondaires d'une situation choisie à celui qui s'en plaint; alors comment faire sans?

Rappel de la définition du robert :
Victime :  "créature vivante  offerte aux sacrifices des Dieux".

Dans le rôle de Dieu, celui ou celle à qui vous attribuez la toute puissance.

Dans le rôle de la créature vivante, le sujet (vous) comme objet de la jouissance de l'autre qui va prendre alors l'allure de bourreau.

C'est d'abord qu'il y a une tendance naturelle, une intention à s'emparer de cette position de victime et jouissance à s'en sustenter.

Seule l'analyse permet de saisir le ressort de ce phantasme, car se prendre pour une victime relève bien du phantasme habillant le réel.

Elle permet un déplacement du sujet qui accepte de s'interroger sur sa part de responsabilité, l'inconscient devient alors le moyen de cette bascule.

Les victimes nombreuses s'affichent partout: de la guerre, d'un inceste, d'un accident, de trahison, de préjugés, de trop d'amour, de pas assez.

La victime se conjugue à toutes les personnes, à tous les temps, elle s'affiche sous l'emprise de l'autre, on dit bien :"victime de ...".

Mais alors où se situe le traumatisme sinon dans le fait d'être abusé par l'autre; endosser sa part de responsabilité dans ce qui vous arrive change la perspective : 

victime/acteur devient acteur / victime.

De votre position de sujet, de vos actes vous êtes tous responsables ainsi que du rapport que vous entretenez avec le réel, les autres.

L'analyse met sur un piédestal le "Je" en devenir qui doit advenir là où c'était; le "Je" que dans la cure vous apprenez à mesurer.
 Ce "Je " devient acteur.

Si la cause de votre souffrance se situe en vous-même sous forme d'une énigme, une chose est sûre, vous êtes victime de votre symptôme.

Or le réel de cette jouissance vous colle à la peau, dérange votre position de victime; vous voilà donc divisé donc  prêt pour cette aventure merveilleuse qu'est l'analyse.

C'est ce réel accélérateur qui vous guidera vers la porte d'un analyste.

Freud disait : " l'analyse est une paranoïa raisonnée".

Si réellement vous souhaitez vous débarrasser de ce symptôme de victime alors il va falloir revoir votre rapport aux autres.

Sachez qu'à l'issue d'une analyse vous aurez identifié ce qui vous pose question, il vous sera possible de consentir à ce réel car vous l'aurez reconnu comme vôtre.

La question sera de vous réconcilier avec votre jouissance, d'en faire bon usage et là vous aurez apprivoisé votre symptôme.


 


 

 




 

mercredi 4 février 2015

                                                      Le S   comme,


Souvenirs qui font appel à la mémoire, à ce qui reste en mémoire, se figent comme Signifiants renvoyant au manque, à l'absence, au désir comme voie d'accès.

Le S qui pose questionnement : qui S?

Celui qui reste en Suspens sur le fil de ses émotions toujours en équilibre, victime de ses interrogations.

S comme Sentir, Soutenir, Se Souvenir, S'exprimer en toute liberté sans censure.
Le S après le  R, avant le T pour peut-être Signifier que c'est rien ou tout, répétitions compulsives du passé dans le présent, prisonnier de ses Sentiments.

S c'est le Subconscient articulé avec le conscient l'actuel et l'inconscient Stockant les désirs refoulés.

S pour Supposer ou bien se poser là quelques instants, la question du Souvenir, empreinte du passé tatouée dans le conscient laissant souvent  des traces pour que rien ne S'efface.

S  bien raisonnable par les temps qui courent d'avoir recours à la pensée, panser les maux  d'antan que l'on entend même plus.

S comme Sensations fortes, faire Sensation, Sexe à tous les étages ascenseur du bonheur, monter au Sixième ciel.

Gainsbourg en-chantera l'amour sous toutes ses latitudes avec le fameux:  "je t'aime moi non plus", "Sea, Sex and  Sun" et Baudelaire dira :" l'autre est à la fois si proche et si lointain".

Relation distanciée, ambivalence sur fond d'écrans Souvenirs, il Suffira d'un Signe pour que la mémoire rejaillisse de tant d'émois.

S comme Sélectif qui a pu ou encore  peut choisir, puisque c'est pour le meilleur et non le pire que l'on se Souvient si bien.

S pour Séduire, aimanter, Susciter, Solliciter, autant de Signifiants d'intérêts  que de désirs inavoués.
Supposer que si la mémoire flanche, le Souvenir  lui Scelle inlassablement les héritages du passé.

 Symboles à retenir ou à lâcher, ce n'est que partie remise, l'imaginaire s'en charge à sa décharge, exutoire  d'un trop plein, que décharger de plus?

S'il est bon de se fier aux Souvenirs pour Stimuler les pensées, Sachons alors lâcher prise au détour d'un divan.
S comme Structure, Singulière, unique, c'est à chacun son Style.
S comme style, le Soi-même, l'affect le plus profond, laissons libre cours à son imagination, laissons- le alors Sublimer et se Substituer.

S comme solitude, Sentiment de vide à combler, S'autoriser enfin l'accès aux mille et un interdits.




mardi 13 janvier 2015

Un seul être vous manque et tout est dépeuplé

La séparation définitive, irréversible, avec un être aimé est une épreuve des plus douloureuse.
Les étapes du deuil sont des réactions normales dont la durée va varier selon le vécu de chacun; il y aura pathologie lorsque la personne restera "coincée" dans une de ces étapes.
A cela s'ajoute la tristesse sans quoi ce travail ne pourrait s'amorcer.


Parmi les étapes du deuil :

- l'anesthésie : 

Elle correspond à une perte de la réalité, état de choc, le temps s'est figé, impossible d'accepter la réalité comme telle, la personne refuse ce qui vient de se passer.

- La phase de recherche :

C'est un entre-deux où l'endeuillé cherche partout l'être aimé, période d'angoisse car les habitudes qui liaient à la personne disparaissent petit-à-petit.
C'est une phase de dépression et de recherche de l'autre.
L'endeuillé se cogne contre le vide créé par l'absence.
C'est une période fragilisante où il est question d'une attente de manifestation de l'être aimé qui ne vient jamais.
Le mort apparait sous toute forme : rêve, phantasme, délire, hystérie et possession.
Dans l'expérience du deuil, il est question parfois de perdre ce que l'on souhaite conserver du disparu.
Tout souvenir faisant retour modifie le lien avec le mort.
Dans ce travail de deuil, la personne vacille avec une temporalité et une chronobiologie qui tend à se défaire.

- la phase de dépression réactionnelle :

La tristesse prend place et si elle persiste, cette étape devient pathologique et il sera nécessaire de consulter.
Incompréhension par rapport au rythme de reprise du quotidien de l'entourage, décalage avec la personne endeuillée qui elle, tourne au ralenti.
La souffrance est à son point culminant durant cette étape : la personne est remplie d'émotions vives, exacerbées, relatives  au lien singulier qu'elle entretenait avec le défunt.

- la phase de restructuration :

Cette phase intègre le deuil dans l'histoire intrinsèque et personnelle de chacun.
C'est l'acceptation de celui ou celle qui a disparu, ce n'est en aucun cas l'oubli.
C'est le travail du deuil  alors réalisé.
C'est à cet endroit que la parole prend tout son sens; elle soigne les souffrances traversées, elle accompagne le sentiment de culpabilité qui peut continuer à ronger l'entourage :
ne pas avoir fait ce qu'il fallait, ne pas avoir été assez présent, ne pas avoir eu les bon mots, ne pas avoir montrer son amour pour la personne disparue.

Le deuil est aussi un travail de mémoire :
Se souvenir de soi dans l'espace de l'autre, qui étais-je pour lui?qu'elle place m'accordait-il?
De toute évidence, ce travail est conditionné par la nature de la relation objectale qu'il vient à présent dénouer.
Relation qui renvoie aux premiers liens à l'objet qui est constitutif du narcissisme.


Le souvenir est le parfum de l'âme.
George Sand.